La mélodie de la science
La mélodie de la Science
Sophie était une petite fille de sept ans, avec des yeux pétillants et de jolies fossettes. Elle était aussi très intelligente, et adorait suivre sa maman dans diverses expositions ou musées.
Un jour, elle accompagna sa mère au muséum d'histoire naturelle. Elles se promenaient, seules, parmi les animaux empaillés soigneusement étiquetés, les bocaux remplis d'un liquide verdâtre et les plantes séchées. Sophie sautillait en s'arrêtant devant le tigre aux dents luisantes « Je n'aimerais pas qu'il me morde celui-là ! » ou le flamand rose qui exhibait ses plumes resplendissantes « Quelle grâce ! Quel plumage fabuleux ! » . Sa maman, plongée dans un fouillis de notes scientifiques, ne l'entendait pas et marmonnait des propos incompréhensibles.
Alors, inconsciemment, elle déambula de galeries en galeries, sautilla dans les nombreux couloirs du musée, tant et si bien qu'elle se retrouva seule dans une salle sinistre. Des ossements côtoyaient des bézoards, des squelettes s'empilaient face à des coquillages. Elle était définitivement seule et, apeurée, courut au fond de la pièce, où une porte menait à une salle contiguë. C'était la salle des insectes ; elle conservait une collection de papillons, de scarabées et de diverses araignées. Plus calme, la petite fille regarda les jolis papillons colorés ; puis, dans le silence paisible du bâtiment une voix légère comme un souffle murmura :
« Je suis là
mais tu ne me vois pas
chante avec moi
un trésor apparaîtra
Un oiseau doré repose ici
Murmure, chante ; c'est ainsi
Que sa voix enchanteresse
Résonne , avec tendresse.
Une fleur rosée est endormie
Séchée , décolorée mais qui
Espère encore qu'un jour
Enfin sortir à son tour.
Un serpent autrefois visqueux
Mais à présent seulement vicieux
Envers les gens qui l'ont mis là
Inanimé, caché sous un drap.
Ces animaux sont endormis
Et toi seule, grâce à la magie
Pourra les réveiller.
Mais pour cela, il faudra chanter ! »
L'enfant répéta le poème phrase après phrase, fascinée. Il se produit alors une chose saugrenue et dénuée de sens : Une brume argent envahit la pièce ; les vitrines s'ouvrirent et les papillons s'envolèrent ; les araignées firent cliqueter leurs pattes velues et se cachèrent dans les nombreux trous du plancher ; les insectes voletaient ou couraient dans tous les sens ; seuls les coquillages, immobiles, regardaient la scène tristement.
Sophie courut hors de la pièce : la pagaille continuait. Tous les êtres empaillés sautaient,virevoltaient, piaillaient…Un petit renard roux vint auprès d'elle, lui lécha la main en signe de remerciement. La fillette regarda les vitres exploser quand une nuée d'oiseaux voulut s'évader. Elle était stupéfaite : ce genre de phénomène était impossible d'un point de vue scientifique ! Mais Sophie était encore une enfant ; elle pensait comme telle. Naïve, elle applaudit. Les bêtes la regardèrent un instant, puis prirent peur et s'enfuirent. Leur sauveuse agita la main.
Quelques minutes plus tard, sa mère arriva. La petite fille s'endormit dans ses bras.
Quelque temps plus tard, elle se fit réveiller par de petites tapes : dans la salle des mammifères, sa mère l'observait avec une moue dubitative.
« Tu t'es endormie pendant une heure, lui reprocha t-elle. Partons à présent. »
Sophie se leva en baillant. Les animaux étaient à leur place, immobiles, et les vitres semblaient intactes. L'enfant fronça les sourcils. Elle faillit raconter son aventure à sa mère mais avait l'impression qu'elle ne l'aurait pas crue. N'était-ce qu'un rêve ? Pas si sûr... Car en partant, un petit renard roux lui adressa un léger clin d'oeil...Hallucination ou...magie ?